Du "Chemin Romeret au Bois Raffin",
à "la RN 7 aux Baraques"

 La RN 7 est la plus longue route de France, de Paris à Antibes. Malgré la voie autoroutière de Bourgogne, son trafic reste intense. Il n'en a pas été toujours ainsi.

Au Moyen-Age, la "vole française" de Lyon à Nevers qui constituait l'axe principal en direction de Paris, passait par Thizy, Charlieu et Digoin. Une autre voie importante "le Grand Chemin de Forez" ralliait Montbrison à Nevers via St-Haon-le-Châtel, Crozet. Roanne, à l'écart n'était qu'un petit village.
Pourtant, un bien modeste chemin appelé " Romeret ", joignait Roanne à Crozet. Sortant par la rue Eucher Girardin, il atteignait la demi-lieue, puis Fourchambut (haut des Tuileries) et zigzaguait ensuite jusqu'au carrefour de la "Michoderie", dit aussi de "L' Ormesec (archives 1424 à 1476), où il rencontrait le chemin tendant de St Haon-le-Châtel au port d'Aiguilly. On perd sa trace dans le bois Raffin, vaste étendue forestière aux divers noms parcellaires (Poulaillon, Malgarnie, Mirlandot ... ) .

Autant dire que "Les Baraques" n'existaient pas. Le petit bois de la Malgarnie est un vestige de cette forêt qui couvrait le pays, de Mareuil au bois de Brate et au-delà. "En Raffin", qui concerne un pré situé au nord de la maison ruinée et avant le chemin du "Moulin à Vent", est le seul témoin de ce temps dans les archives de la commune.

Ce petit chemin Romeret, raccordé d'une part à celui venant de Lyon et d'autre part au "Grand Chemin de Forez", vers Changy, va s'imposer comme route principale... et Roanne va se développer au détriment de Charlieu. Le facteur déterminant de cet essor est le choix de cet axe pour l'établissement de relais de poste de sept lieux en sept lieux (1) : Louis XI créait ainsi la Poste Royale en 1479. Les premiers relais sur notre route furent ceux de La Pacaudière (Petit Louvre) et Roanne, suivi par celui de St Germain-Lespinasse.
Sans doute, cet itinéraire était-il déjà assez fréquenté pour être choisi. C'est celui qu'ont emprunté les ambassadeurs d'Aragon se rendant auprès de Louis XI en 1474. C'est aussi le chemin suivi par un pèlerin allant de Paris à Jérusalem en 1480 et par un autre se rendant à Rome, en 1518.

En 1523, c'est François 1er" qui passe par le bois Raffin. Au cours de l'histoire, bien d'autres célébrités vont parcourir cette "Route Royale du Bourbonnais" : HENRI IV (1595), FRANÇOIS DE SALES (1618), RICHELIEU ET MARIE DE MEDICIS (1622), D'ARTAGNAN (1671), MADAME DE SEVIGNE (1690) etc...
Dans le sens Lyon Paris, on pouvait prendre le coche d'eau à Roanne comme Louis XIII et sa famille.

Passer par ce bois Raffin n'était pas sans risque pour le simple voyageur : l'expression "bandit de grand chemin" trouve ici tout son sens. Il était facile en effet de tendre une embuscade, les chevaux étant un peu essoufflés dans la côte.
Ainsi en 1542, un gentilhomme PEREGRIN DE MEZY y fut assassiné. L'enquête qui suivit fut l'occasion de raviver un ancien conflit de juridiction - donc de propriété - entre Claude GOUFFIER (2), Seigneur de Boisy et de la Motte et Jean d'ALBON, Seigneur de St-André-d'Apchon. Finalement, un accommodement fut trouvé. Il sera renouvelé avec Jacques D'ALBON, maréchal de France en 1552. Le Seigneur de Boisy renonçait à ses droits sur les territoires de Mareuil, petit Mareuil (la mairie) et le Bois Raffin, qui seront désormais de la juridiction de St-André-d'Apchon.

Après les piétons du Moyen-Age, il faut imaginer la poussière soulevée en été et la boue épaisse par temps de pluie, ainsi que l'inconfort des différents types de voitures qui vont se succéder : malle-poste, fourgons, galiotes, diligences, pataches ...
Les bonnes suspensions ont longtemps été réservées aux quelques luxueux carrosses. Encore la France, en particulier celle de Napoléon I, était-elle bien mieux lotie que les autres pays. L'empereur a beaucoup investi pour l'entretien des routes principales.
Il ne faudrait pas croire que les accidents étaient rares. Au XIXème siècle, on veut aller de plus en plus vite. En 1827, quatre mille diligences des messageries royales se sont renversées, provoquant mille morts. Ce XIXème siècle voit l'apogée du cheval de trait.

Les premières voitures automobiles aux Baraques n'apparaissent guère avant les "années folles", à l'exception de la "Buick" du château de Chamarande qu'on entendait de loin ou de quelques véhicules tout aussi pétaradants du Bourg de St-Romain. En cas de pluie, il fallait actionner manuellement l'essuie-glace. De magnifiques peupliers d'Italie accompagnaient la chaussée.
 

Notes :
1 - Le postillon en selle avait d'énormes bottes métalliques, d'où les "bottes de sept lieues" de l'ogre dans "Le Petit Poucet",
2 - Comte de Caravax : il deviendra Marquis. Charles Perrault reprendra ce titre un peu chimérique en créant son "Marquis de Carabbas" dans "Le Chat Botté".